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Édition décembre 2023

Le pékan :

un chasseur redoutable et méconnu

CHRONIQUE

100% PASSIONNÉE

Texte et photos
Marylin Soucy

Pouvant mesurer jusqu’à plus d’un mètre, le pékan est l’un des prédateurs les plus agiles de nos forêts pourtant, il est très peu connu de monsieur et madame tout le monde. Il fait partie de la famille des mustélidés, comme la martre, l’hermine, le vison, la moufette, etc. Durant la période hivernale, le pékan est presque uniquement carnivore, par contre l’été ou l’automne, il est plutôt omnivore. Cela veut dire qu’il ne mange pas seulement de la viande. Il peut aussi se nourrir de fruits, certaines plantes et aussi d’insectes. D’apparence trapu et pouvant être assez imposant, les gens le confondent souvent avec un carcajou. Cela dit je vous rassure tout de suite, il y a de nombreuses années qu’un carcajou n’a pas été signalé au Québec. Au cours des dernières années, le ministère a remarqué une croissance significative de la population de pékan dans Chaudières Appalaches. Ces études sont possibles grâce aux renseignements que fournissent les trappeurs avec leur carnet de trappeur et par le bilan des achats de fourrures, sondage, etc. Il est important de savoir que le pékan est un animal à fourrure, il est donc seulement possible de le piéger (pour le trapper, il faut avoir obtenu votre certificat de piégeage auparavant). Par sa belle couleur brune, cette fourrure est très populaire pour faire des chapeaux d’aviateur, dessus de mitaine, manteau en fourrure, sacoche, etc. De nos jours c’est plaisant lorsqu’on regarde sur internet de voir tous les artisans qui utilisent et valorisent chaque partie de l’animal.

Je connaissais peu cet animal avant de me mettre à trapper. Je l’ai vraiment découvert, il y a quelques années de cela en suivant la formation. C’est bien vite devenu, l’un des animaux que j’aime le plus attraper. Très beau et gros, il a l’air méchant et c’est un excellent chasseur, il est redoutable avec les populations de lièvres et de perdrix et surtout, il aime bien nous voler nos prises s’il a la chance de tomber sur un collet à lièvre. Il se nourrit d’écureuils et peut même s’attaquer à des chats. Très opportuniste comme animal, il ne laisse pas passer d’occasion de se nourrir. On le retrouve dans presque toutes les forêts du Québec mais moins au nord en raison de la plus grande quantité de neige. Ici, il ne manque pas de ressources ce qui aide pour l’augmentation des populations. Cependant, le pékan est un animal avec un très grand territoire. Il est plutôt solitaire donc tout dépendant de votre secteur et de ce que vous voulez faire comme gestion, il faudra adapter votre trappage.

Un pékan croqué sur le vif par l’auteure lors d’une sortie sur son territoire de trappe.

Pour trapper le pékan, il vous faudra votre certificat de piégeur mais aussi quelques équipements. Un terrain aussi bien sûr et à partir de là, il ne reste qu’à installer quelques pièges.

Pour ma part j’utilise des pièges Connibear 160 ou des 220. Le chiffre représente la grosseur du piège mais lors de la formation, vous apprendrez que chaque piège est fait pour une espèce, taille particulière. Moi ce sont ceux que j’utilise, car je vise spécifiquement le pékan. Selon moi, un 110 est trop petit pour viser le pékan mais il peut arriver qu’il tente de prendre l’appât dans une petite boîte et qu’il se fasse prendre quand même mais comme c’est un animal assez puissant j’y vais avec un 160 ou un 220. Il arrive parfois que les pékans se prennent dans un collet à renard ou à coyote dans un regroupement de collets. C’est sûr que ce n’est pas souhaitable mais, cela peut arriver.   Lorsque je le trappe, j’utilise bien sûr un appât. Habituellement je prends un morceau de castor car ça sent beaucoup et que le pékan aime bien le castor. Sinon des restants de perdrix ou de lièvre peuvent très bien faire l’affaire aussi. Il y a plusieurs techniques possibles pour le trapper. J’ai constaté qu’en général les gros mâles n’aiment pas se donner trop de misère. J’y vais donc avec une boîte au sol avec un appât ou leurre à l’intérieur et j’installe un piège ou sinon j’aime bien la technique «pole set» comme je présente ici dans le vidéo plus bas mais j’ai remarqué que mes plus gros pékans ont été pris avec une boîte au sol. La technique sur une pôle est très subtile et demande peu d’équipement. En revanche, moi mes boîtes restent dans le bois à l’année donc j’aime surtout utiliser différentes techniques, cela permet ainsi de s’améliorer et d’avoir une technique qui va convenir à toutes situations.

L’auteure avec un beau pékan qu’elle a su déjouer dans un de ses pièges destinés à cette espèce.

Je trappe sur les mêmes terrains depuis plusieurs années et comme ce ne sont pas d’énormes territoires, pour moi, il est important de faire une bonne gestion. Les mâles couvrent un très grand territoire par contre les femelles beaucoup moins. C’est pourquoi lorsque je capture une femelle, je risque de déplacer mon piège vers un autre secteur ou si j’atteins mon quota personnel pour le terrain j’enlève les pièges pour cette espèce carrément. J’aime en trapper année après année et pour moi c’est plus important de pouvoir vivre ma passion à tous les ans et de récolter cette belle bête que d’en prendre trop une année et de faire mal à ma population.

Je vous souhaite à tous de croiser cet animal incroyable lors d’une de vos runs de trappe ou bien de l’observer durant l’une de vos chasses, car c’est un animal majestueux et encore trop méconnu. Pour ma part, je croise les doigts pour que mon installation paye bientôt !

L’auteure présente une de ses techniques pour piéger le pékan.

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