logo_100_chasse_peche.png

Édition décembre 2023

CHEVREUIL

Où trouver un vrai trophée au Canada?

Un magnifique chevreuil trophée récolté en Alberta par un client de l’auteur affichant un pointage de 165 B&C.

Un magnifique chevreuil trophée récolté en Alberta par un client de l’auteur affichant un pointage de 165 B&C.

Texte, photos et vidéos
Louis Gagnon

Pour augmenter ses chances de récolter un buck de rêve, il faut d’abord savoir où aller. Comme la très grande majorité des destinations trophées sont ailleurs  au pays, ça se prépare souvent un an à l’avance. Voici une réflexion qui pourrait vous aider. 

Après tant d’années (près de 35 ans) à guider et rencontrer des chasseurs de chevreuils et (près de 25 ans) à guider ou conseiller et faire aménager des terres pour chasseurs de trophée, peu de sujets touchant le chevreuil suscitent encore autant d’intérêt et font rêver plus que les destinations ayant la réputation de produire des trophées régulièrement. 

Avant de vous aiguiller plus précisément sur ces destinations, j’aimerais vous présenter ma perception de ce qu’est un trophée et pourquoi certaines régions en produisent plus que d’autres. 

La rareté

L’organisme Boone & Crockett n’accueille dans son livre des records que des cerfs de Virginie atteignant au moins 170 points (pouce) B&C. Bon an mal an, près de 13 millions de chasseurs de chevreuil arpentent les terres de l’Amérique du Nord à la recherche de ces fameux trophées. Ils sont souvent munis d’équipements de grande qualité et de plus en plus sophistiqués, sans compter les connaissances en gestion et en aménagement de territoire qui ne cessent de s’améliorer. Malgré cela, encore aujourd’hui, moins d’une centaine de chasseurs récoltent des chevreuils qui atteignent les standards de base du livre des records et certaines années plus difficiles c’est moins de 50.

Voilà à quoi ressemble un buck portant un panache entre 185 et 190 points B&C.

Même s’il s’agit d’un spécimen bien en bas des standards de cet organisme, en Amérique du Nord un buck dont le panache atteint 150 points B&C est un trophée qui dépasse nettement la valeur moyenne de la couronne d’un mâle mature de cette espèce. Déjà, très peu de chevreuils mâles ont l’occasion de vivre jusqu’à  4 1/2 ans, et parmi eux seule une minorité porte un panache qui dépasse la barre de 150 points B&C. Alors imaginez l’importance d’un spécimen de 170 points B&C.

Dans cette vidéo vous pouvez observer des chevreuils portant des bois ayant un score estimé entre 155 et 165 B&C.

Puisque je poursuis ces bêtes depuis plus de deux décennies et que j’ai guidé pour gagner ma vie dans quatre provinces différentes et l’une des pourvoiries les plus productives en termes de trophées, je vous suggère de me croire et vous serez moins déçu lors de vos premiers voyages dans des destinations trophées. Un panache de 150 points B&C est celui d’un gros chevreuil, un très gros chevreuil, et le porteur d’une couronne de 170 points B&C est immense; imaginez un panache de 200 points B&C et plus!

A
Ajoutez le texte de votre infobulle ici
B
Ajoutez le texte de votre infobulle ici

Voici la différence entre un buck de 155 points B&C récolté en Saskatechewan (A) et un autre de 178 points B&C récolté en Alberta. Même si le premier demeure un trophée, il y a tout un monde de différence entre les deux…

Je connais une multitude de chasseurs qui fréquentent les provinces de l’ouest depuis plusieurs années et n’ont pas encore franchi la barre des 150 points B&C. Un trophée ne serait pas un trophée si on pouvait en récolter un à chaque saison, n’est-ce pas?

Pourquoi si gros?

Plusieurs facteurs affectent la présence de chevreuils trophées dans un territoire, les principaux étant la qualité du sol, la rigueur de l’hiver, la prédation et la pression de chasse mais aussi les techniques de chasse permises. 

La qualité du sol entraîne la disponibilité et la valeur nutritive de la nourriture. La rigueur de l’hiver détermine en quelque sorte le nombre d’années qu’un chevreuil peut survivre, l’état physique dans lequel il se trouve au printemps et le temps qu’il devra consacrer à retrouver ses forces avant d’investir dans ses bois.

Deux trophées récoltés en Saskatchewan. 150 B&C pour celui de gauche et 160 B&C pour celui de droite. La qualité des sols dans l’ouest canadien et la plus faible pression de chasse comparativement à ce qu’on observe dans l’est du pays expliquent en parti pourquoi les bucks sont si impressionnants dans l’ouest.

La prédation et la pression de chasse jouent sur le nombre de chevreuils sur le terrain et les techniques de chasse permises, leur âge moyen des chevreuils récoltés et finalement sur la structure d’âge. En d’autres termes, ces quatre facteurs peuvent influencer autant le nombre de chevreuils qui peuplent un territoire, la structure d’âge de la population et leur qualité corporelle. 

Certaines années, un facteur peut jouer un rôle plus important que les autres, et cela varie d’une année à l’autre. Si on s’en tient aux destinations traditionnelles, tout est une question de sol. Selon la qualité de celui-ci, la végétation qui y pousse est plus ou moins nutritive et les probabilités de produire des chevreuils impressionnants varient en conséquence.

On n’a qu’à penser aux chevreuils d’Anticosti, qui vivent sur un sol de calcaire quasi dénué de terre arable, comparativement à ceux du centre du Québec qui habitent les riches terres de la vallée du Saint-Laurent. La grosseur des bois et le poids des bêtes de ces deux régions diffèrent passablement. 

La recherche de sol arable de grande qualité était le principal élément à considérer, il y a 25 ans. Quelles sont les grandes régions du Canada dotées des meilleurs sols et en mesure d’accueillir des supers bucks? La Saskatchewan, l’Alberta, le sud du Manitoba, les différentes vallées du sud de la Colombie-Britannique et sa partie nord-est, le sud et le nord-est ontarien, quelques vallées du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, et finalement la vallée du Saint-Laurent au Québec.

Même si toutes les régions énumérées peuvent produire de gros chevreuils, ce sont les quatre provinces de l’ouest du pays qui présentent la meilleure qualité de sol et donc le meilleur «potentiel trophée». Sauf que les choses ont changé depuis 15 ans…

Pression de chasse et prédation

La pression de chasse a aussi un effet très déterminant. Même dans les meilleures conditions du monde, si les chevreuils n’ont pas l’occasion de vieillir, ils ne risquent pas de devenir des trophées.

Que ce soit dans l’est ou dans l’ouest du pays, pour atteindre un pointage de 150 points B&C un mâle doit être âgé d’au moins 4 1/2 ans et la majorité du temps davantage. Dans l’est, ce pointage est très rarement atteint; dans l’ouest, ce ne sont pas tous les vieux mâles qui franchissent cette barre et très peu d’entre eux ont la chance de se rendre à 170 points B&C. Ce sont des exceptions, comme les hommes de 2 m et plus (6 pi et 6 po), même si cette comparaison est un peu boiteuse. 

Plus la pression de chasse est élevée, moins il y a de probabilités qu’assez de mâles atteignent un âge avancé et que certains d’entre eux aient le bagage génétique pour développer de gros panaches. Dans cette optique, le Québec fait encore figure de parent pauvre avec une pression de chasse sans cesse croissante et des saisons toujours plus longues.

Plus la pression de chasse est élevée, moins les mâles ont la chance de vieillir et d’atteindre un âge suffisant pour arborer un panache digne d’un trophée.

De plus, les principales concentrations de chevreuils du sud du Québec se trouvent dans des secteurs où la densité forestière et le type de couverture ligneuse sont relativement restreints. Les chevreuils ne bénéficient donc pas des meilleures conditions pour se protéger contre cette pression de chasse. Rappelez-vous qu’une forêt de bois franc de plus de 20 ans d’âge ne constitue pas un bon habitat à chevreuil

En comparaison, les supers secteurs à chevreuils de l’Ontario, entre Cornwall, Toronto et Ottawa, comportent des sols de très grande qualité qui produisent des milliers de tonnes de soya, de maïs et de luzerne, et la forêt environnante est souvent constituée d’immenses cédrières ou de forêts mixtes au sol humide souvent impénétrables. On peut presque considérer ces habitats comme des sanctuaires géants. Les cerfs disposent donc de multiples endroits pour se réfugier lorsque la «bouilloire» remplie de chasseurs est sur le point d’exploser. 

Par contre, j’ajoute un bémol avec le prix très élevé des grains comme le soya et le maïs depuis près de 2 décennies, même ces régions commencent à manquer d’habitats forestiers de qualité car la déforestation pour sans cesse agrandir les terres agricoles n’arrête pas de concentrer encore plus les chasseurs et les chevreuils sur des plus petites surfaces.

Si on ne tenait compte que de la pression de chasse, voici comment j’établirais le palmarès des régions, en ordre croissant de pression de chasse: de l’Alberta, le nord de la Saskatchewan et du Manitoba, le sud de la Colombie-Britannique et son coin nord-est, l’Ontario, et je mettrais la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec au dernier rang à des niveaux similaires. 

Ici, je dois ajouter un autre bémol qui a changé le portrait considérablement de l’effet de cette pression de chasse sur les classes d’âge de chevreuil dans quelques provinces. En effet, les provinces qui continuent à permettre la chasse avec appâts et cela sur plusieurs décennies sont dans une position précaire pour maintenir des classes d’âge bien balancées qui permettra à plusieurs mâles de survivre jusqu’à 6.5 ans minimum. 

Selon l’auteur certaines provinces qui permettent l’appatage du cerf depuis plusieurs décennies n’aident pas les populations à atteindre des âges suffisants pour produire des bucks plus âgés.

Je cite ici le cas de la Saskatchewan. Cette province a tenu le haut du pavé pour la production de super mâle pendant plusieurs décennies. Ce temps est maintenant révolu. Durant les années 1990 à 2010, la forte population de chevreuil et les hivers cléments à répétition ont minimisé l’effet de la pression de chasse sur des appâts. Le réseau de pourvoyeurs très largement élaboré et étendu partout dans le centre et le nord de la province avait certes diminué considérablement le nombre de vieux mâles sur le terrain mais les chances de survie d’assez de mâles de 3.5 ans et 4.5 ans étaient suffisamment élevées pour assurer de maintenir un nombre suffisant de mâles qui atteindront la pleine maturité de 7.5 ans ou plus.  À partir de 2006, la Saskatchewan a connu plusieurs hivers très difficiles et les hivers 2013, 2014 et 2021 furent catastrophiques au point d’avoir diminué la densité de chevreuil de plus de 70% en forêt. La nouvelle rareté des mâles adultes en pleine maturité a déplacé la pression de chasse sur les classes d’âges de 3.5 ans et 4.5 ans. Le succès de chasse sur ces classes d’âge par les pourvoyeurs est maintenant trop élevés pour permettre un taux de survie assez élevé de ces derniers qui finalement produira assez de vieux mâles ( au moins 6.5 ans) pour que certains développent des vrais panaches trophées de près de 170 B&C. 

À titre comparatif, la province voisine, l’Alberta, n’a pas connu des hivers aussi rigoureux, n’a jamais permis l’appâtage et elle a connu une diminution importante de la pression de chasse avec le recul important du nombre de travailleurs pétroliers étrangers canadiens dont plusieurs chassaient. Tous ces facteurs additionnés à plusieurs années de contrôle aérien hivernal des populations de loups dans plusieurs grands secteurs où quelques caribous forestiers cohabitaient avec les chevreuils ont ramené rapidement les chances de succès de chasse sur des vieux chevreuils à des niveaux très proche des meilleures années de la fin de 90′ et début 2000. 

Revenons sur la rigueur de l’hiver une dernière fois, une saison très ardue peut saboter plusieurs années de bonne gestion, mais il faut généralement quelques hivers très difficiles et assez rapprochés pour avoir un résultat catastrophique. Malheureusement, ce fut plusieurs fois le cas dans presque tous les secteurs traditionnellement reconnus comme producteurs de trophées au Canada. Même si on parle de changement climatique et de réchauffement planétaire, les hivers du centre et de l’ouest canadiens semblent faire fi de ces avertissements et leurs saisons froides commencent plus tôt, sont plus neigeuse et durent plus longtemps.  Dans l’ouest du pays, ce sont possiblement ces hivers rigoureux qui ont fait le plus de mal ces dernières années. 

La rigueur des hivers et surtout la succession d’hivers difficiles jouent aussi un rôle très important sur la survie des cerfs et sur l’abondance de sujets trophées.

La prédation constitue le dernier facteur majeur. Certaines circonstances peuvent favoriser un essor des prédateurs sur une grande échelle, mais généralement il s’agit davantage d’un phénomène régional. Toutefois, en 2007 et 2008 les populations de prédateurs comme le loup et le coyote ont semblé tirer avantage des hivers difficiles et ont explosé. Actuellement, certains secteurs de l’ouest du pays sont aux prises avec une densité de canidés sans précédent. C’est l’est Ontarien qui semble s’en être le mieux tiré à cet égard, abritant seulement des coyotes à titre de prédateurs dans ses meilleures zones à chevreuil.  La Saskatchewan, le Manitoba, le nord-ouest ontarien sont les zones où la prédation des loups et des coyotes semble avoir fait le plus de dommage.

La prédation constitue le dernier facteur majeur. Certaines circonstances peuvent favoriser un essor des prédateurs sur une grande échelle, mais généralement il s’agit davantage d’un phénomène régional. Toutefois, en 2007 et 2008 les populations de prédateurs comme le loup et le coyote ont semblé tirer avantage des hivers difficiles et ont explosé. Actuellement, certains secteurs de l’ouest du pays sont aux prises avec une densité de canidés sans précédent. C’est l’est ontarien qui semble s’en être le mieux tiré à cet égard, abritant seulement des coyotes à titre de prédateurs dans ses meilleures zones à chevreuil.  La Saskatchewan, le Manitoba, le nord-ouest ontarien sont les zones où la prédation des loups et des coyotes semblent avoir fait le plus de dommage.

Dans certaines régions et à certains moments, la prédation par les canidés dont le coyote peut devenir problématique pour les populations de chevreuil.

Ayant cerné les principaux facteurs influençant la production de cerfs trophées, voyons le potentiel de différentes régions.

Colombie-Britannique,
Alberta et Saskatchewan

En Colombie-Britannique, où vous devez être accompagné d’un chasseur local qui détient une licence de guide ou faire affaire avec un pourvoyeur, la vallée d’Okanagan ainsi que les secteurs des Kootenay et de Fort-St. John/Peace River produisent une quantité surprenante de supers spécimens. Dans tous les cas, il s’agit de vallées ou de pieds de montagne (foothills).

Le triangle agro-forestier entre Fort St. John et Dawson Creek en descendant vers l’Alberta serait mon premier choix, à cause de sa pression de chasse pratiquement nulle pour ce gibier malgré une densité élevée et des gènes comparables à ceux des cerfs de l’Alberta. La vallée d’Okanagan serait mon deuxième choix, puisque ses hivers sont presque inexistants et que plusieurs vieux bucks peuvent produire des bois de catégorie trophée grâce au faible nombre de chasseurs qui s’intéressent à cette espèce.

L’Alberta. C’est cette province qui a produit le plus de panaches de catégorie trophées B&C au cours de la dernière décennie. L’Alberta n’est pas nécessairement meilleure que la Saskatchewan en termes d’habitat, et cette supériorité apparente découle plutôt de sa législation qui interdit l’appâtage et ses hivers moins neigeux. Les chasseurs doivent donc se concentrer sur des techniques plus naturelles, en l’occurrence les plus efficaces pour déjouer les vieux bucks expérimentés. En contrepartie, nous québécois ne pouvons pas aller chasser dans cette province sans être invité et guidé par un chasseur local, un peu comme en Colombie-Britannique ou en passant par un pourvoyeur. 

Un super trophée de l’Alberta affichant un pointage de plus de 200 points B&C (non typique).

Si vous avez cette chance, le centre-nord, en partant de la Peace River en allant vers l’est jusqu’à la frontière de la Saskatchewan sera à préconiser, toujours en restant au sud de la ligne de Fort-McMurray. Des milliers de kilomètres carrés de territoires libres sont disponibles et l’exploitation forestière de la dernière décennie en a facilité l’accès. L’emploi du logiciel Google Earth sera un atout précieux et d’une précision surprenante pour tous ces secteurs. Il y a des chevreuils presque partout dans cette province, mais le sud et les foothills sont surtout composés de terres privées et la pression de chasse y est beaucoup plus élevée. 

Quand on parle de l’ouest du pays, la Saskatchewan est presque toujours considérée. Cette destination, facile d’accès sur le plan réglementaire, jouit du potentiel trophée moins élevé qu’avant pour les raisons énoncées précédemment dans cet article.  Les hivers très rigoureux des deux dernières décennies ont presque éliminé le chevreuil des grandes forêts du nord.  En réalité, passé 30-40 km de la limite des terres agricoles, le déplacement pour chasser le chevreuil n’en vaut presque plus la peine à part quelques très petites pochettes difficiles à localiser. Certes, la pression a augmenté dans certains secteurs, comme Meadow, Lake Spiritwood et Hudson Bay, mais il reste un nombre impressionnant de secteurs où les loups risquent de vous manger avant que l’on vous retrouve si vous vous perdez. Comme la province s’est doté d’un tirage au sort pour les non-résidents canadiens pour la chasse aux chevreuils, je vous suggère fortement d’essayer de rester dans les secteurs à l’ouest du Parc National de Prince-Albert jusqu’à la frontière de l’Alberta. Les hivers furent moins rigoureux et la qualité du sol et des habitats forestiers est nettement de meilleure qualité que l’est du Parc jusqu’au Manitoba. 

Ce trophée de la Saskatchewan atteint la barre impressionnante des 160 points B&C.

Je me sers toujours de la route 55 Nord pour illustrer l’emplacement des secteurs publics de cette province. Cette route constitue presque la limite des terres agricoles, et c’est au nord de celle-ci que vous devriez consacrer vos efforts.

En réalité, n’importe quel village situé au nord de la 55 et doté d’un motel peut servir de base, car vous serez nécessairement à proximité de bons secteurs de chasse. Encore une fois, Google Earth sera excellent pour débuter vos recherches. Par expérience, je vous conseille d’essayer de repérer des secteurs de coupes forestières à 50 km ou moins de votre motel, soit une distance raisonnable à parcourir matin et soir pour avoir accès à de bons secteurs de chasse. 

Manitoba et Ontario

Le Manitoba, province souvent court-circuitée pour atteindre la Saskatchewan, a un potentiel se rapprochant  de la Saskatchewan. La plupart des forêts publiques intéressantes pour le cerf se trouvent au sud en milieu agro-forestier entre les lacs Winnipeg et Manitoba et à l’ouest du lac Manitoba ainsi que de chaque côté de l’autoroute 10 qui se rend au nord jusqu’au nord du parc provincial Duck Mountain. Tous les parcs et forêts provinciaux ont du chevreuil mais encore là; les hivers ont drastiquement diminué les densités. Prévoir quelques jours supplémentaires en début de séjour pour faire une prospection intensive. Comme en Saskatchewan, vous n’avez pas à passer par un pourvoyeur ou un guide licencié et ce n’est pas un tirage au sort. Par contre, il est strictement interdit d’utiliser des appâts et des urines naturelles. 

Selon moi, la différence entre la Saskatchewan et le Manitoba se situe autour de 10 points B&C; s’il est relativement aisé de récolter un buck de 130 points B&C en Saskatchewan, 120 serait un score facile à atteindre au Manitoba. On est loin de la mythique barre des 150 B&C et très très loin d’espérer entrer dans le livre des records. Cette dernière province comporte moins d’accès aux secteurs névralgiques à chevreuils, à cause des immenses milieux humides qui les séparent les uns des autres. Seuls les pourvoyeurs équipés de véhicules Argo et de tout-terrains sur chenilles peuvent espérer se rendre dans de tels endroits. 

Voici quelques villages indiqués comme points de départ : Dauphin, Swan River, Grandview, Robin, The Pas. Les forêts provinciales de Duck Mountain et de Porcupine sont aussi à considérer. Si vous parlez bien anglais, vous pouvez essayer d’obtenir des permissions pour avoir accès à des terres privées, particulièrement à l’ouest du sud du lac Winnipegosis et Manitoba. Le sud-est de la province accueille aussi une bonne population de cerfs, surtout de part et d’autre de la Transcanadienne en allant vers l’Ontario où se trouvent d’immenses forêts provinciales giboyeuses.

Les deux seuls bémols touchent la grosseur du chevreuil et la pression de chasse. Ces secteurs peuvent produire des chevreuils équivalents à ceux de l’Ontario agro-forestière de l’est, mais avec une pression de chasse supérieure à celle observée en Saskatchewan. Un pointage de 125 à 130 points B&C dans ces secteurs m’apparaît être un objectif de qualité pour un court séjour, alors que 140 points B&C en montant représenterait maintenant une super prise. 

L’Ouest de Ontario fut la révélation durant les années 2000 à 2010. Dans l’ouest, le secteur de Kenora en se rendant vers Dryden et en descendant vers le sud dans la direction de Fort-Frances était une destination cendrillon. Les forêts publiques entre la Transcanadienne 17 et la Transcanadienne 11 représentaient plusieurs milliers de kilomètres carrés de forêts à chevreuils de qualité. Des milliers de bûchés ne demandaient qu’à être exploités, mais ne vous y aventurez pas sans GPS car le territoire était immense.

Le vieillissement des coupes forestières des deux dernières décennies jumelées aux mêmes hivers catastrophiques que le Manitoba et la Saskatchewan ont connus ont presque anéanti la population de chevreuils. Le secteur entre Thunderbay et Nipigon est encore valable mais rien de plus.  

Dans la fameuse pointe du nord-est ontarien, toutes les terres agro-forestières se trouvant entre Rigaud, Cornwall, Peterborough et Ottawa sont potentiellement capable de produire «des vrais gladiateurs» pesants et bien coiffés. La pression de chasse est la donnée la plus importante à considérer, et vous devez choisir un secteur qui touche une grande étendue forestière. Comme la plus grande partie du territoire est de tenure privée, il faut procéder à une bonne prospection et vous doter de courage pour cogner aux portes et tenter de dénicher une terre disponible pour la chasse. 

Ce monstre affichant un pointage de plus de 170 points B&C a été récolté dans l’est ontarien. Comme quoi lorsqu’on leur laisse la chance, les chevreuils de cette région peuvent aussi atteindre des pointages incroyables.

Dans cette zone, le plus grand secret réside dans l’acquisition de terres. Peu d’entre elles sont à vendre, mais lorsque cela arrive la majorité des secteurs sont nettement supérieurs aux meilleures terres du Québec en termes d’habitat, avec des prix avoisinant ceux des secteurs forestiers (sans lac) de l’Estrie. Tel que mentionné en début d’article, l’est ontarien renferme une multitude de forêts denses et la saison de chasse est longue, ce qui permet d’éviter la cohue de novembre qu’on connaît au Québec, par exemple. De plus, les lois sont beaucoup plus strictes, et le respect de la propriété privée est relativement bien établi. 

Les hivers relativement cléments et une faible population de prédateurs en font un secteur de choix pour ceux qui se donnent la peine de cogner aux portes et de faire un gros travail de prospection. Malheureusement, devant la rareté des forêts publiques dans l’est ontarien, la location d’une terre est incontournable, ce qui peut constituer un désagrément important pour des chasseurs plus timides qui n’ont pas le temps ou ne parlent pas anglais.

Un mâle de 120 à 140 points B&C peut être envisagé, selon l’entente avec le propriétaire, la grandeur de la terre, la pression de chasse environnante, le temps investi, etc. J’ajouterais que c’est l’endroit où les résultats peuvent varier le plus selon l’effort consenti pour la préparation. Le potentiel est bel et bien là, il suffit d’y travailler.

Se concentrer sur la simplicité

Pour conclure rapidement sur la technique, je préconise la simplicité. Que ce soit dans l’est ou dans l’ouest du pays, quand on s’attaque à de vieux chevreuils, la prospection pour dénicher un territoire productif, l’étude du vent autant pour se rendre au site que pour y chasser et de très nombreuses heures de chasse aussi bien en milieu de journée que le matin et le soir, sont les éléments du succès. Le reste est du superflu, quoiqu’un bon «call» dans le sac à dos puisse aider à terminer le travail. Une fois dans l’arbre, tout peut arriver.

Exposé exhaustif sur la chasse au chevreuil trophée au Canada.

Retour en haut